Le Kindle est-il un simple gagdet sans avenir ?

Loin d'être ce qu'on appelle une early-adopter (prompt à adopter une nouvelle technologie), je suis néanmoins assez étonnée d'entendre des réactions aussi septiques vis-à-vis des liseuses.
Par ailleurs, même chez les convaincus du numérique, les pratiques et les motivations sont multiples (ex : possibilité d’emporter de nombreux livres avec soi lors de ses déplacements).

Pour ma part, j'ai - surtout pour des raisons financières - peu l'occasion de voyager. Je suis donc très enthousiaste devant les possibilités que m'offrent les liseuses : bénéficier d'un vaste choix d'ouvrages que la bibliothèque de proximité ne n'offre pas – j'habite un charmant petit village de 2000 âmes ;-)
Pour le moment, bien malgré moi, j'utilise des ''solutions alternatives'' pour alimenter mon Kindle. De plus, le large choix de classiques disponibles en toute légalité promet de belles heures de lecture en perspective !

Dans ma pratique,  la complémentarité entre les 2 formats (papier/numérique) se situe au niveau du type d'ouvrages : j'apprécie la qualité du papier des livres d'arts et la disponibilité d'un petit dictionnaire papier – en revanche j'opte franchement pour la version numérique des encyclopédies, des journaux et des romans de poche.

NB : Je suis assez réservée sur l'idée que le format numérique induise une nouvelle définition du « bien lire » : le lecteur devra certes développer de nouvelles stratégies de lecture mais l'acte de lire (déchiffrer et comprendre le sens) restera fondamentalement le même.

Passe t-on moins de temps à lire ?

Je pense qu'au delà de la question du support, le temps global passé à lire, que ce soit chez les jeunes ou chez les adultes, a baissé de manière mécanique. Et ce pour une raison simple : le temps consacré aux loisirs est plus important mais en même temps on assiste à une grande diversification de ces offres de loisirs. Le temps passé à jouer à un jeu vidéo, à regarder une vidéo sur YouTube, à pratiquer un sport etc … n'est de fait plus disponible pour la lecture. Néanmoins, le format numérique a plus de chance de séduire la jeune génération.

Conjuguer la variété des offres avec un temps forcément limité pousse chacun de nous à se poser des questions : quelle activité vais-je pratiquer en priorité ? à quel rythme ? quel est le livre ou le film qui vaut vraiment la peine ?

Finalement cette réflexion peut nous amener à une pratique plus équilibrée et plus enrichissante de nos loisirs.

2020 : Alexandriz, la bibliothèque du futur

A mon avis, des sites comme ePagine, la Team Alexandriz et Babelio préfigurent ce que sera la bibliothèque du futur. La dichotomie actuelle entre les librairies (lieux d'achats) et les bibliothèques (lieux de prêts) est appelée à disparaître ou tout au moins à s'estomper fortement.

1) dans les librairies : la nostalgie du papier, l'intérêt pour les livres d'arts et le plaisir d'un contact humain avec un libraire désireux de partager sa passion sauront sans doute retenir quelques inconditionnels du livre-objet.

2) dans les bibliothèques : une redéfinition de leur mission est en train de s'opérer et aboutira à un lieu d'échange conçu quasi-exclusivement pour le travail en groupe et l'accueil d'animations culturelles.

3) sur le Web : on verra probablement l'émergence d'une plateforme centralisée où l'abonné aura accès à différents services
.. prêt de livres numériques (prix de l'abonnement proportionnel au volume de prêt)
.. participation à un club de lecture où amateurs et professionnels se côtoieront sur un pied d'égalité
.. utilisation de dictionnaires et d'encyclopédies (options à choisir dans l'abonnement)

Contrairement à une idée très répandue, je pense que les avancées technologiques (plateforme web + liseuse) contribueront à enrayer le déclin du temps passé à lire. Actuellement on vit une période de transition mais gageons que la plus-value de la modernité (baisse du coût du livre, accès immédiat et interactivité autour et dans le livre) sauront convaincre une nouvelle génération de lecteur !